La dépression du demandeur d’emploi

Par Thierry VeyrieLe 7 avril 2016

L’emploi occupe une place prépondérante au sein de notre société. Trouver un job est un véritable parcours du combattant. Cela peut avoir des répercussions sur le moral de la personne souhaitant accéder à un travail. Ainsi, il est courant d’être confronté ou d’être le témoin d’une dépression du demandeur d’emploi. Les raisons sont souvent d’origines diverses.

Tentons d’analyser ce phénomène et de prodiguer quelques conseils pour éviter de sombrer dans la déprime.

Motifs de la dépression du demandeur d’emploi

La dépression du demandeur d’emploi peut être liée à différents facteurs. On peut évoquer les multiples refus de candidature, l’absence d’entretien d’embauche ou les réponses successivement négatives et non motivées. Elles peuvent être perçues d’autant plus mal si le demandeur a déjà évolué dans ce domaine ou dispose de compétences adéquates. L’impact psychologique n’est évidemment pas négligeable. En effet, le traumatisme du licenciement ou la perte d’emploi peut être à l’origine de la dépression. Ainsi, le demandeur ayant occupé un poste à haute responsabilité (Directeur des Ressources Humaines, Cadre d’une entreprise…) peut vivre cette situation comme un cuisant échec. Par ailleurs, le chômeur est fréquemment en proie au doute et a tendance à se remettre trop rapidement en question. Il va même jusqu’à se rabaisser ou nier ses capacités antérieures.

À ce titre, il peut être amené à douter de ses propres compétences. La dépréciation de sa propre image fait partie des symptômes de la dépression du demandeur d’emploi.

Ce dernier se trouve en outre, isolé face à une telle situation (perte de contacts avec ses ex-collègues, sentiments de honte vis-à-vis des proches…). Nous parlons alors de désocialisation progressive. La limitation notamment des ressources financières participe aussi à renforcer cet état d’isolement. En effet, les loisirs ou les activités annexes revêt un coût qui peut ne plus être possible d’assumer en période de vache maigre. Des études ont montré le rôle joué par le chômage sur la dépression du demandeur d’emploi. Les chômeurs sont deux fois plus concernés que les actifs. La durée de la période d’inactivité influe également sur le développement de la « maladie ». Cette dernière rend son retour vers le monde du travail beaucoup plus complexe. Certains dispositifs peuvent avoir des aspects pervers. Ainsi, l’allocation perçue au titre du chômage et l’imposition peuvent influer négativement sur le demandeur d’emploi. Ce dernier peut être tenté de privilégier cette situation. Il est parfois plus intéressant de rester dans une situation d’inactivité plutôt que de récupérer un poste. C’est un scénario néfaste qui ne permet pas le retour à l’emploi dans de bonnes prédispositions.

Notons que la stigmatisation opérée par les politiques à l’encontre des demandeurs d’emploi n’arrange pas les choses.

Soutien psychologique indispensable

Si la souffrance au travail est enfin entrée dans le débat public, celle des personnes ayant perdu leur emploi ou étant à la recherche d’un travail demeure totalement ignorée. Durant cette période d’instabilité, le demandeur doit bénéficier d’un soutien ou d’une aide permettant de ne pas se laisser gagner par la morosité ambiante due à l’absence de travail. Il convient d’être suivi par un spécialiste (psychologue, psychiatre). En ce sens, des consultations sont offertes au sein de centres médico-psychologiques. Les délais d’attente sont plus ou moins longs selon les villes. Toutefois, ils sont souvent débordés et pas toujours préparés à traiter ces « symptômes ». La dépression du demandeur d’emploi est une maladie complexe dont les conséquences peuvent être graves aussi bien pour l’intéressé que pour son entourage. Elle nécessite un accompagnement assuré par des professionnels spécialisés. Les demandeurs d’emploi peuvent également être aidés par diverses associations (Solidarités nouvelles face au chômage, Mouvement national des chômeurs et précaires, Agir ensemble contre le chômage, APEIS, « Chôm’Actif »…).

Conséquences de la dépression du demandeur d’emploi

La dépression du demandeur d’emploi peut aboutir à une issue tragique. En effet, celle-ci peut mener au suicide. La personne peut aussi être admise en hôpital psychiatrique en fonction de son état de santé. Il n’existe pas de profil « type » du demandeur susceptible d’être touché par une dépression. La qualification n’a ici aucune incidence. Tout dépend de son état mental, de la durée d’inactivité et des raisons de celle-ci. Il convient donc de surveiller étroitement les personnes présentant des signes dépressifs. Les tentatives de suicide sont de plus en plus courantes durant la période de recherche d’emploi. Entre 2008 et 2010, celle-ci pourrait être à l’origine de 584 suicides supplémentaires. Des études menées par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale ont estimé que 10 000 à 20 000 décès par an concernent les demandeurs d’emploi !

Le risque suicidaire n’est donc plus marginal. C’est devenu un véritable problème de santé publique.

Conseils pour éviter une dépression du demandeur d’emploi

Le demandeur d’emploi doit éviter de rester seul. Il ne doit pas hésiter à aller voir ses amis ou sa famille dès qu’il le peut. Si des chômeurs sont présents dans votre entourage, il est important de passer du temps avec eux afin de vous soutenir mutuellement et ainsi relativiser cette situation d’attente parfois vécue comme une véritable injustice. Des blogs et des forums de discussion permettent également d’entretenir un lien avec des personnes vivant le même « calvaire ». Il ne faut pas non plus s’autodétruire ni perdre confiance en soi. Le fait de ne pas trouver d’emploi n’est pas uniquement de votre ressort. L’accès au monde du travail est de plus en plus restreint. Il n’est pas rare de voir des personnes, pourtant expérimentées, accepter un poste pour un salaire dérisoire. L’inactivité peut également être une opportunité de se remettre à niveau dans certains domaines. La lecture, l’apprentissage d’une langue étrangère, la pratique d’un sport, l’initiation au bricolage ou à de nouveaux logiciels sont autant d’activités permettant de tirer profit de cette période.

Il n’est pas non plus nécessaire de passer vos journées à rechercher un emploi. Celle-ci doit être rythmée entre prospection et activités annexes afin de ne pas vous démotiver.

Par ailleurs, s’investir dans une association peut être un moyen de vous rendre utile et de mieux vivre le regard des autres. Les « petits boulots » (baby-sitting, hôtesse d’accueil) ou la réalisation de missions de courte durée (intérim, job saisonnier) permettent de mettre un peu d’argent de côté, mais également d’améliorer vos relations sociales. C’est un moment propice pour accomplir une formation ou un stage. Notons qu’il est possible d’effectuer une période de volontariat international en entreprise (article L120-1 du code du service national). Cette opportunité est ouverte aux personnes âgées de 16 à 25 ans. Un « working holiday visas » peut être sollicité afin de découvrir des pays attractifs comme l’Australie ou le Canada. L’intérêt ici est de découvrir une nouvelle culture tout en travaillant.

Elle est réservée aux individus ayant entre 18 et 30 ans (jusqu’à l’âge de 35 ans pour le Canada).

Auteur de l'article: Thierry Veyrie

Thierry Veyrié est titulaire d’un Master I Droit des affaires et d’un Master II Droit Privé. Il prépare actuellement l’examen d’entrée à l’école d’avocats. Par ailleurs, il rédige des articles juridiques en droit immobilier et en droit de la consommation. Il a évolué dans des cabinets d’avocats spécialisés dans lesdits domaines.