Que vaut une billetterie en ligne vendue à un CSE ?

Par Florian BenoistLe 18 juillet 2019

L’engouement des CSE à propos de la billetterie en ligne ne se dément pas d’année en année. Les fournisseurs en la matière ne manquent pas. Tout le monde sait que ce marché est très lucratif. Les enseignes se multiplient et il devient difficile de faire le tri pour les représentants du personnel.

C’est sans doute la raison qui nous pousse à nous interroger sur le sujet.

  • L’affaire est-elle cependant intéressante ?
  • Pourquoi diable les élus des CSE plébiscitent-ils ce genre de prestation ?
  • Quels sont les prescripteurs les plus connus ?
  • Comment se positionnent-ils sur ce marché à la fois dense et très concurrentiel ?

Le marché de la billetterie en ligne pour les CSE

La promesse paraît alléchante. En page d’accueil du site de ProwebCE (groupe Edenred), le message est clair. Ce prestataire propose la plus large offre de billetterie en ligne pour les CE et les CSE. Les qualificatifs sont séduisants : réductions exceptionnelles, large réseau culturel… Tout cela semble génial à première vue. En me rendant sur le site du Groupe Up, je découvre la possibilité de disposer d’une billetterie entièrement gratuite. Mais est-ce vraiment le cas dans les faits ? Sur le site de ReducCE, aucun doute n’est laissé à l’internaute. Les bénéficiaires doivent être abonnés au service via son CE/CSE, pour avoir accès aux milliers de réductions.

Des enseignes comme FranceBillet.fr ou PromoParcs se distinguent par une formule sans abonnement.

Notons que de nombreux prestataires proposant des services payants, utilisent en marque blanche ces deux fournisseurs. C’est presque inique dans un sens ! L’offre est identique et pourtant il faut payer pour y accéder et bénéficier de tarifs avantageux. Pour s’en justifier, ces fournisseurs nous expliquent qu’ils proposent des services complémentaires. Ainsi, pour aider à gérer les commandes en ligne des salariés, le package comprend un logiciel de gestion. Mais pour l’utiliser, il faut évidemment payer les services associés. Et voilà comment une billetterie en ligne gratuite devient payante.

Pour les CSE, il faut s’abonner à un logiciel de billetterie

En réalité, un service de billetterie CE / CSE n’est donc pas toujours gratuit. Pour bénéficier des remises sur des milliers de billets en tout genre, il faut s’abonner à l’année. Les abonnements à une billetterie pour comité d’entreprise (ou CSE) représentent ainsi la clé pour accéder au bonheur. Toutefois, les frais qu’engendre un tel abonnement sont importants.

Comment les fournisseurs commercialisent leurs offres auprès des comités sociaux et économiques ?

Tout débute par la souscription d’une offre type. Soit à l’image de la billetterie VazyVit de DédicaCE, le CSE paye un abonnement unique. Soit, il s’offre un ensemble de services entièrement packagés. Généralement, c’est la seconde solution qui est mise en avant et qui se révèle lucrative pour la plupart des enseignes.

L’offre se présente sous les traits d’un site internet e-commerce

Les sociétés comme CONSEIL CE (marque Primoloisirs) ou ALTER CE (marque COMITEO) proposent une offre « clé en main ». Il en existe évidemment bien d’autres (HelloCE, DeltaCE, HenleyIT, Place des salariés, PassTime, WiiSmile, etc.). Leur point commun ? Ces entreprises vous proposent une offre qui comprend généralement les services suivants un :

  • site internet où sont répertoriées l’ensemble des offres ;
  • logiciel de commande en ligne avec paiement sécurisé ;
  • application mobile pour profiter des billets en ligne à tout moment ;
  • accès illimité à la vente de billets à tarif réduit ;
  • frais de réservation ou d’envoi offerts, etc.

Mais leurs arguments pour nous convaincre ne s’arrêtent pas là. Pour apprendre à utiliser un logiciel de billetterie en ligne, on vous propose une formation (en option). Pour rassurer les futurs acheteurs (salariés), l’accent se fait sur l’achat de e-billets. Et pour couronner le tout, la cerise sur le gâteau, des services de protection juridique, de communication… Bref, un florilège de services est au menu de ces offres. Sans doute, il devient difficile de se différencier et de justifier parfois des prix prohibitifs. Peut-être même, cela devient trop beau pour être vrai ou qualitatif.

On n’a jamais vu un boucher vendre des fleurs !

Un client qui veut acheter des fleurs, cela ne lui viendrait pas à l’esprit de se rendre chez le boucher. Aussi, un client qui souhaite souscrire à une assistance juridique devrait se rendre dans un cabinet d’avocat. Dans les faits, certains vont toquer à la porte d’une agence de billetterie en ligne. À quand alors, des avocats qui vendent des places de spectacles ! Peut-être, les acheteurs seraient plus avisés de ne pas céder aux marchands de tapis !

Ne vous laissez pas duper par le mode de financement

Bien que des commerciaux prétendent du contraire, cette prestation ne se règle avec le budget de fonctionnement. Il s’agit d’une prestation entrant dans le champ des activités sociales et culturelles. Il faut donc éviter de vous faire piéger. Si vous avez été victime de manœuvres dolosives, il est possible de s’en plaindre en justice. Le recours à un avocat est nécessaire pour optimiser vos chances de succès.

Est-ce intéressant de s’abonner à une billetterie en ligne ?

Un CSE qui souhaite proposer à ses salariés, un service de cette nature commence par s’abonner. Mais combien coûte une telle prestation ? Les tarifs vont dépendre d’une part de la taille de l’entreprise et d’autre part de la durée d’engagement. Les commerciaux pour engager les CSE (ou les CE) sur au moins deux années, rivalisent d’arguments. Ils vous expliquent que la 1ère année sert principalement à créer de l’adhésion autour de l’offre. Il faut donc attendre la 2nd année pour observer un pic d’utilisation. Alors, pourquoi changer de crèmerie au moment où justement, la mayonnaise prend ? Voilà un argument convaincant qui explique pourquoi certains CSE n’hésitent pas à signer pour 4 ans ! À l’issue de la première période d’abonnement, les fournisseurs comptent sur la reconduction tacite.

Dans de nombreux cas, les élus oublient de dénoncer le contrat où le font trop tardivement.

Les prix d’une billetterie en ligne peuvent s’envoler

Au fond qu’est-ce que le CSE achète vraiment ?

  • un accès locatif à un site e-commerce ;
  • une personnalisation à la connexion pour les CSE ;
  • des remises sur une kyrielle d’offres en ligne ;
  • la garantie d’être libéré de toutes les contraintes de gestion ;
  • un panel de services (comptabilité en ligne, paiement en ligne, service de messagerie…).

À y regarder de plus près, les élus achètent le droit de disposer de réductions sur les billets achetés par leurs salariés. Personnellement, je trouve cela énormissime ! À la fin d’un contrat d’abonnement, que reste-t-il au CSE ? Rien. Bye-bye le site internet et tout son contenu. Terminé aussi l’accès à un logiciel de comptabilité et de tout son historique. Après m’être acquitté durant 4 ans par exemple de 8000 € (prix moyen constaté sur la période), le CSE n’en retire aucun bénéfice. Tout cela pour permettre aux salariés de commander des billets à prix réduits sur internet !

Les CSE auraient intérêt à investir dans leur propre site

Certains CSE payent un abonnement de 4000 € par an pour bénéficier d’un site e-commerce avec une billetterie en ligne. Mais n’est-il pas moins coûteux et plus rentable de faire réaliser son propre site ? Au bout de 4 ans, il en coûterait 16 000 € ; pour ce prix, le CSE peut se payer la Rolls des sites en ligne ! Je vous conseille donc de comparer entre une offre en leasing (location longue durée) et une offre d’acquisition (d’achat).

Pour 5000 €, un CSE peut déjà disposer d’un site e-commerce de qualité.

Il ne vous restera plus qu’à y associer un prestataire de billetterie en ligne sans engagement. Vos salariés continueront ainsi à accéder aux places de spectacles, de concerts, de parcs d’attractions… Ils pourront toujours acheter un ticket de cinéma en ligne à un tarif préférentiel. Pour cela, le CSE donne accès aux bénéficiaires (ayants droit). Il est vrai que tout cela implique de prendre le temps d’engager un développement.

Néanmoins, à la fin, vous réduisez les coûts et surtout, vous n’achetez plus des remises !

Auteur de l'article: Florian Benoist

Juriste en droit social depuis 5 ans, Florian est un jeune dynamique et talentueux qui a œuvré dans différents cabinets d’avocats avant de prendre son envol en tant qu’autoentrepreneur. Il est désormais consultant et formateur à son compte et travaille notamment pour des TPE, associations, syndicats et des comités d’entreprise.