Le boum du Chief Happiness Officer
Le 31 janvier 2018Le Chief Happiness Officer (CHO) tout comme la fonction de Happiness Manager (manager du bonheur), ne seraient-ils pas un mythe ? Franchement de nos jours, peut-on parler de manager « heureux » au sein de nos entreprises ? Les salariés se plaignent (pour les plus courageux) davantage de la verticalité de leurs rapports avec leurs responsables hiérarchiques, qu’ils ne se plaisent à en conter les glorieuses innovations en matière d’encadrement.
C’était sans compter les méthodes managériales inspirantes venues d’ailleurs et particulièrement des États-Unis.
Le Chief Happiness Officer est né dans la Silicon Valley
Comme son nom l’indique, les Français ne sont pas les génies créateurs de ce type de management. Notre bonne vieille France recèle bien de quelques recettes en la matière, mais elles sont quelque peu poussiéreuses, autoritaires et beaucoup moins fun. À vieille économie, vieille méthode ! Pourtant, les managers français, parmi les plus jeunes, il y a une réelle ambition à transformer le management. Plus personne n’a peur d’emprunter les bonnes idées en vogue.
Chacun veut en croquer du bonheur au travail, à l’heure où tout le monde ambitionne de trouver la recette qui conduirait les employeurs à favoriser la qualité de vie au travail (QVT). C’est vrai que les études le disent ; des conditions de travail de qualité sont nécessaires pour obtenir des salariés une meilleure qualité de travail. La QVT permet de lutter contre la plupart des travaux pénibles et bénéficie donc au plus grand nombre. Le bonheur au travail serait une méthode radicale pour lutter efficacement contre un grand nombre de risques psychosociaux (RPS). Les plus dangereux sont ceux qui s’attaquent à la motivation des salariés (burn-out, dépression, bore-out, brown-out, etc.).
Chacun peut y trouver son compte pour peu que tout le monde soit soucieux d’allier l’effort au réconfort.
Quelles sont les missions du Chief Happiness Officer ?
Avant de détailler les missions à proprement parler du Chief Happiness Officer, commençons par nous intéresser à son profil. En effet, tout le monde ne peut pas incarner cette fonction à la perfection. Il nous faut une personne dont les qualités intrinsèques sont reconnues pour être compatibles avec le rôle d’un Chief Happiness Officer. Ces qualités sont multiples. Il est peu probable que celles-ci soient enseignées au sein de nos écoles ; elles découlent davantage de l’être lui-même, c’est-à-dire de sa propre construction personnelle et de son éducation familiale (transmission de valeurs).
Mot de l'auteur
Intéressons-nous maintenant à ses missions (fiche de poste). Là aussi, celles-ci dépendront surtout des attentes de l’entreprise au sein de laquelle, le Chief Happiness Officer devra exercer. En effet, il ne s’agit pas réellement d’un métier ordinaire, ce qui laisse supposer que le Chief Happiness Officer sera différent d’un poste à un autre (à bas la routine !). La première mission d’un tel collaborateur s’inscrit dans l’organisation d’évènements fédérateurs afin de ressouder les salariés et les équipes entre elles.
Ces évènements souvent désignés par des appellations diverses : team building, challenges team, séminaire d’entreprise, etc., sont très appréciés des salariés. Ces moments privilégiés sont pris comme une bouffée d’oxygène à l’heure où la détente et notamment de l’esprit rencontre quelques difficultés à s’inscrire dans les usages. Le monde du travail évoque davantage le stress, l’urgence et l’autocratie. Les jeunes salariés sont souvent plus vite frappés par les phénomènes anxiogènes. Ils sont par leur jeune expérience, moins armés pour y faire face facilement.
Parmi les évènements les plus courus, c’est sans nul doute les parcours sportifs ou les compétitions entre équipes qui sont les plus à la mode.
Les ateliers culinaires en équipe, les excursions pédestres, les chasses au trésor, les découvertes de domaines protégés, les voyages à l’étranger, les visites de châteaux, etc. sont autant de possibilités de concourir à la cohésion d’équipe.
Le Chief Happiness Officer n’est pas un boute-en-train pour autant !
Il va devoir plancher sur ce qui affecte les relations entre les collègues au quotidien et en tirer les conséquences. Le Chief Happiness Officer doit en effet s’attaquer à ce qui nourrit les tensions au travail afin d’en éradiquer les causes. Celles-ci sont encouragées la plupart du temps par la charge de travail excessive ou les temps d’exécution resserrés. Le Chief Happiness Officer aiguisera la communication de l’entreprise afin de limiter les ruptures entre le top management et les salariés. Le changement ou la transformation de l’emploi voire de l’entreprise, affecte tout le monde et chacun réagit comme il peut.
Le Chief Happiness Officer doit entreprendre et repenser sa stratégie en fonction des besoins de l’entreprise et des collaborateurs. C’est le prix à payer pour créer un cadre convivial dont l’objectif est de favoriser l’intégration des salariés, les fidéliser tout en les aidant à s’accomplir. Tout le monde le sait, se réaliser et savoir qu’on est utile aux autres sont autant de bénéfices directs très recherchés des salariés. Apprécier son entreprise, être estimé de ses collègues, et trouver de l’intérêt dans son travail au quotidien sont des atouts à ne pas négliger pour espérer conserver les salariés à son service. Les employeurs le savent bien, mais ils ne sont pas très nombreux à comprendre les rouages du bien-être au travail.
Il reste en ce domaine, énormément de chemin à parcourir pour rendre le climat de nos entreprises, moins austère.
Chief Happiness Officer, phénomène de foire ou de mode ?
Ni l’un ni l’autre. Certes, les sceptiques opteront pour le phénomène de foire. Créer un poste au sein de l’entreprise, préposé au bonheur au travail et à la cohésion d’équipe, cela semble farfelu et presque déconnecté des ambitions entrepreneuriales traditionnelles. Mais voilà, la modernisation du travail est en route et chacun peut décider de ne pas prendre le train en marche. Pourtant, nier que les salariés sont nombreux à attendre de meilleures conditions de travail, reviendrait à se marginaliser. N’oublions pas que légalement, l’employeur est tenu de tout mettre en œuvre pour assurer des conditions de travail décentes et respectueuses de la santé des salariés (article L4121-1 du Code du travail). Ils sont responsables de toute atteinte à l’intégrité physique et mentale des salariés !
Les employeurs accrochés à leurs vieux principes de management ne font plus vraiment recette !
Phénomène de mode ? Sans doute cela est ressenti comme tel par de nombreux employeurs qui manquent encore d’ouverture d’esprit sur le sujet. Le bonheur en entreprise serait-il un leurre ? Pourquoi travailler ne rimerait-il pas avec s’épanouir (s’éclater !). Prendre du plaisir à travailler, être un salarié heureux bien dans ses pompes, est-ce si difficile à concevoir ? Le Chief Happiness Officer sera le moteur de cette grande et moderne ambition collective. Il encouragera le dialogue, les échanges et le partage d’expérience. Il œuvrera à la création de liens plus forts entre les personnes qui préféreront la transparence des rapports à leur confusion.
Conseil d'Expert
En effet, le Chief Happiness Officer n’est pas le responsable des bons plans, un chef apéro, un coach sportif ou un clown jongleur. C’est un métier sérieux avec des objectifs très spécifiques au service d’une entreprise et de collaborateurs en recherche de sérénité et d’épanouissement professionnel. L’entreprise doit d’abord s’interroger sur les valeurs qu’elle souhaite véhiculer. Ensuite vient le temps de l’adhésion. Les salariés ne sont plus des clients dociles. Ils veulent bien adhérer aux valeurs de l’entreprise pour peu qu’elles s’inscrivent aussi dans les leurs.
Le Chief Happiness Officer n’est en définitive qu’un outil supplémentaire pour parvenir à ce résultat.