Pourquoi présente-t-on l’économie circulaire comme un modèle incontournable pour l’avenir ?

Par Fabrice AllegoetLe 10 décembre 2023
économie circulaire

L’économie circulaire présente des avantages non négligeables d’un point de vue environnemental, économique et social. Eu égard aux défis croissants de la raréfaction des ressources naturelles, de la gestion des déchets, du changement climatique, il est compréhensible de s’attacher à un tel modèle économique et tout miser pour qu’il fonctionne. En effet, l’économie circulaire apparaît comme une solution durable permettant de maximiser la valeur des produits, des ressources et matériaux tout en minimisant l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. C’est en cela que ce modèle de production et de consommation est plébiscité et favorisé par le plus grand nombre.

L’économie circulaire : un véritable modèle d’avenir durable

Le bénéfice apporté par une société dont le modèle est en partie axé sur l’économie circulaire est bien réel.

Économie circulaire : historique

Le concept de circularité proposée en 1966 dans un livre de Kenneth Boulding met l’accent sur le fait que l’homme doit s’inscrire dans un système écologique cyclique pouvant permettre une reproduction continue de toute forme matérielle. L’idée d’économie circulaire trouve grâce dans la théorie du berceau au berceau (cradle to cradle) de Michael Braungart et William McDonough.

Toujours est-il que l’évocation de ce concept remonte à plus loin.

L’engouement qu’il connaît aujourd’hui est en partie dû aux actions de la Fondation Ellen MacArthur dont l’objectif était d’identifier, rassembler et motiver les pionniers de l’économie circulaire et d’accélérer la transition vers ce modèle. Aujourd’hui, l’économie circulaire peut potentiellement répondre aux enjeux de développement durable.

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

C’est un modèle économique visant à produire des biens et services de façon durable. Autrement dit, minimiser le gaspillage des ressources tout en maximisant leur utilisation à travers leur réintroduction dans le système économique. L’objectif étant de créer un système durable, voire efficient en réponse aux problématiques actuelles liées à la crise climatique, tendre vers cette transition écologique et énergétique, tout en répondant aux engagements de développement durable.

L’économie circulaire : vers le développement de nouveaux modèles de consommation

Ce modèle économique permet d’entrevoir d’autres façons de consommer et vise à progresser dans divers domaines :

Cela implique entre autres :

  • Un approvisionnement durable : cette dimension tient compte du mode d’extraction des ressources pour une exploitation efficace soucieuse de l’environnement ;
  • L’écologie industrielle et territoriale : il s’agit de mobiliser les acteurs de terrain sur la transition écologique en optimisant l’usage des ressources sur un territoire : énergie, eau, biens, services…
  • Une éco-fonctionnalité : c’est un système qui privilégie l’usage en lieu et place de la vente d’un produit. L’on mise sur l’usage plutôt que la possession d’un bien/chose. Cela encourage la mise à disposition du produit sous forme de services (exemple : location des produits…).

Un modèle économique nécessaire pour faire face aux enjeux environnementaux ?

Il est vrai que ce concept répond aux problématiques de développement durable, mais il présente aussi des limites. L’erreur serait de s’y intéresser uniquement.

Comment relever les défis, lever les obstacles liés aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux ?

L’économie circulaire met l’accent sur divers points importants :

  • Réduire les déchets et permettre la réutilisation des produits ;
  • La conception de produits durables, plus faciles à recycler ;
  • Lutter contre certaines pratiques visant à consommer davantage comme c’est le cas avec l’obsolescence programmée des appareils (leur accorder une durée de vie courte ou limitée pour pousser à la consommation…).
  • Elle promeut l’innovation et la collaboration entre les différentes parties prenantes : entreprises, gouvernements/pouvoirs publics, consommateurs, etc.

Ainsi, ce modèle cherche à transformer le système actuel dit linéaire, en un système circulaire et durable, où les ressources naturelles sont utilisées de façon efficace, raisonnée ; les déchets sont réduits, et la valeur sociale, économique et environnementale est préservée le plus longtemps possible.

Ce système fonctionnant en « boucle » s’emploie à la réutilisation des ressources. Il s’agit d’une stratégie globale axée sur la vision des 3 R : Réduire, Réutiliser, Recycler. Les avantages sont non négligeables tant pour le consommateur, les entreprises que la planète.

► S’agissant de la planète

Ce modèle permet de ralentir sur l’usage des ressources naturelles, et de limiter la perte de biodiversité liée à la perturbation du paysage, de l’habitat… Cela contribue également à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la réduction de la consommation d’énergie ainsi que des ressources grâce à des produits durables dès le départ (conception).

► S’agissant du consommateur

Cela peut avoir un impact bénéfique sur son portefeuille, notamment lui permettre d’économiser de l’argent. En effet, si les produits sont durables, il n’aura pas à débourser davantage pour acquérir un produit similaire, car celui-ci fera preuve de longévité.

► S’agissant des entreprises

C’est un moyen de limiter les coûts et leur délai d’approvisionnement en matières premières. En effet, elles peuvent directement tirer parti des produits existants plutôt que se tourner vers de nouvelles ressources. Cela peut engendrer des économies significatives. Elles peuvent par ailleurs améliorer leur image de marque. D’autant plus que les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux et enclins à soutenir les entreprises engagées. C’est aussi un moyen de demeurer compétitives, et de favoriser l’innovation. Les entreprises sont à cet effet encouragées à repenser leurs méthodes de fabrication, de distribution. En d’autres termes, à innover. Enfin cela les aide à respecter les lois en vigueur.

À noter par ailleurs que ce modèle économique est aussi créateur d’emploi grâce à la création de nouvelles activités. Il s’agit d’emplois locaux, non délocalisables et pérennes.

L’économie circulaire une réponse aux limites de l’économie linéaire

Il s’agit de s’émanciper du modèle économique linéaire « traditionnel » ou du tout jetable, où les ressources font l’objet du processus suivant : l’extraction, la fabrication, la consommation et ensuite sont jetées en tant que déchets. A contrario, l’économie circulaire vise à gérer durablement les ressources avec une exploitation raisonnée. Cela nécessite de repenser les modes de production, de conception des produits, de gestion des déchets ainsi que de consommation. Le process se base sur les éléments suivants :

  • L’écoconception : il s’agit de concevoir des produits durables, cela peut inclure l’incorporation des matériaux recyclés…
  • Une consommation responsable pour les acheteurs publics comme privés : sensibilisation, information, le consommateur doit être capable d’identifier et s’orienter vers des produits durables ;
  • L’allongement de la durée de vie des produits : cela implique de pouvoir les réparer, les réutiliser et les réemployer dans le circuit de consommation ;
  • Le tri/recyclage : cela peut permettre de créer de nouvelles ressources à l’avenir. Prévenir, gérer, recycler les déchets… C’est une façon de leur donner une seconde vie.

L’économie circulaire ou comment les acteurs du changement coopèrent autrement pour un avenir durable

Bon nombre d’entreprises nonobstant leurs tailles et secteurs d’activités ont amorcé leur transition vers ce modèle économique. Par exemple, Adidas avec ses paires de baskets fabriquées avec du plastique recyclé. Phenix redonne une seconde vie aux invendus alimentaires, Konica Minolta qui mène un réel travail s’agissant de la durée de vie de leurs équipements et les matériaux utilisés. En France, le travail se poursuit avec les acteurs économiques. Pour encourager ces derniers ainsi que les industriels, les ministères chargés de l’environnement et de l’industrie ont mis en place un dispositif axé sur les engagements pour la croissance verte. Il s’agit d’aider les acteurs économiques dans cette transition en levant les blocages qu’ils peuvent rencontrer à travers des engagements contractuels réciproques (industriels et pouvoirs publics) visant l’accélération de cette transition vers l’économie circulaire.

Bon à savoir

En France, des lois en faveur de l’économie circulaire ont vu le jour. C’est le cas de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire promulguée le 10 février 2020, visant 5 axes principaux. En finir avec le tout jetable, lutter contre le gaspillage ainsi que pour le réemploi solidaire, produire de façon raisonnée, informer davantage le consommateur, lutter contre l’obsolescence programmée.

D’autres objectifs sont également prévus par cette loi comme en finir avec le plastique jetable d’ici à 2040. Ce modèle économique figure aussi dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte en date du 17 août 2015. Cette loi s’attaque à plusieurs points en faveur du développement durable, entre autres, une production durable ainsi que la prévention des déchets. La loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France vise à responsabiliser l’ensemble des acteurs du numérique face à la pollution croissante en lien avec l’usage d’Internet.

Il y a à cet effet une feuille de route sur l’économie circulaire datant de 2018 du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires comprenant déjà des mesures concrètes en faveur des objectifs de ce nouveau modèle économique qui intègre l’étape de la conception d’un produit à la consommation jusqu’à la gestion des déchets.

Autrement dit, l’ensemble du cycle de vie des produits jusqu’à la gestion des déchets.

👨‍💼 Un concept qui fait écho en Europe

Au niveau européen, ce modèle semble désormais faire écho. En effet, déjà en mars 2020, la Commission européenne a présenté le plan d’action axé sur ce modèle économique. L’objectif est de concevoir des produits durables ; la réduction des déchets et donner davantage de pouvoirs aux consommateurs. Une résolution sur le nouveau plan d’action en faveur de ce modèle a été prise en février 2021 pour des mesures supplémentaires afin d’atteindre une économie neutre en carbone et entièrement circulaire d’ici à 2050. En 2022, la Commission a adopté de nouvelles règles européennes concernant les emballages notamment pour améliorer leur conception, prévoir un étiquetage clair, etc.

Des raisons réelles permettent de comprendre pourquoi l’économie circulaire est perçue comme un modèle phare à suivre pour un avenir durable.

En repensant la façon de produire et de consommer, l’on s’attaque a priori au nerf de la guerre, en y apportant des solutions concrètes. Il est d’autant plus crucial par ailleurs de considérer les inconvénients potentiels de ce concept comme les fameux effets rebonds. Autrement dit, quand les activités issues de l’économie circulaire ayant un faible impact de production à l’unité provoque une augmentation des niveaux de production et par ricochet réduisent le bénéfice environnemental. Il faut mener la barque avec délicatesse pour surfer sur les limites potentielles au travers d’actions concrètes. Ainsi, bien que ce modèle soit efficace, il présente également des limites, notamment technologiques. Il ne peut être la solution ultime à l’épuisement des ressources fossiles.

Auteur de l'article: Fabrice Allegoet

Fabrice ALLEGOET est un formateur confirmé et certifié en droit social qui s'est spécialisé dans différentes matières (santé et sécurité au travail, RSE et développement durable, management et communication en entreprise). Il est l'animateur des Podcasts "Le CSE En Clair" et "Le Droit de Savoir by CÉOS".