Comment faire pour ne pas être victime de greenwashing en tant que consommateur ?

Par Fabrice AllegoetLe 9 décembre 2023
le greenwashing

Le greenwashing, un terme datant des années 80, a fait sa première apparition aux États-Unis. Aujourd’hui, face aux enjeux climatiques, à la préservation de la planète et de la biodiversité, il est plus que nécessaire de faire attention aux marques qui se prévalent d’être écoresponsables et de mener des actions en ce sens. À travers le terme greenwashing se cachent des efforts minimes ou pas du tout que le consommateur se doit de savoir pour une consommation durable en soutenant les véritables enseignes agissant pour la transition écologique.

L’impact du greenwashing sur le comportement du consommateur

Le greenwashing ou comment certaines entreprises s’arrogent le plaisir de tromper le consommateur.

Qu’est-ce que le greenwashing ?

Le greenwashing ou écoblanchiment fait partie des pratiques frauduleuses utilisées par une entreprise ou organisation dans le domaine de la communication et du marketing en vue de tromper le public cible : prospects, clients, sur ses réelles pratiques ou investissement en faveur de l’environnement. En d’autres mots, c’est mentir ou exagérer sur le côté plus responsable, écologique, éthique de la marque. En effet, les actions sont moindres ou ne suivent pas.

Bon à savoir : attention, certaines entreprises utilisent la RSE pour asseoir leurs mauvaises pratiques en divulguant des messages trompeurs au public sur leurs réalisations environnementales.

Par exemple, pour une entreprise pétrolière, axer sa politique sur l’investissement de projets à faible émission de carbone (CO2), là où dans la même veine l’on constate une augmentation de l’exploration des gisements. Ainsi, la RSE n’a qu’un seul objectif ici, une visée stratégique alignée sur des objectifs commerciaux plutôt qu’environnementaux.

Consommateur, entreprise, greenwashing : une affaire d’image pour attirer la clientèle

Si le greenwashing perdure encore aujourd’hui, c’est pour une raison : plus de clientèle, d’augmentation de chiffres d’affaires et surtout faire le moins d’effort en ayant tous les avantages basés sur un investissement réel en faveur de l’environnement. Il s’agit d’une démarche axée sur la facilité, sans effort concret. Des entreprises comme Shell, British Cycling, et d’autres ont déjà failli à leur responsabilité environnementale, pour l’une sur sa prétendue transition écologique, pour l’autre en se livrant à des pratiques de greenwashing. Pourtant, il mieux vaut s’abstenir, car ces pratiques ne sont pas sans conséquences. L’image de la marque peut en prendre un coup une fois ces techniques trompeuses révélées au grand public. L’effet serait complètement inverse, au lieu d’attirer de la clientèle, ces entreprises en perdraient. Ce n’est pas non plus sans risque pour leurs chiffres d’affaires.

Certaines entreprises ou organisations peuvent faire du greenwashing « sans le savoir », par exemple en ayant une mauvaise compréhension de ce que renferme ce terme, les aspects techniques de la matière, etc. En d’autres mots, elles s’y prennent mal.

Il existe des moyens de s’en prémunir

Je vous conseille de suivre les dispositifs de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité, la norme ISO 14 021, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, visant la lutte contre l’écoblanchiment. Il s’agit de :

  • La recommandation développement durable prévue par l’ARPP ;
  • Les avis du Conseil National de la consommation sur les allégations environnementales qui pullulent la toile, les canaux de communication… ;
  • Le guide antigreenwashing de l’ADEME pour informer les entreprises sur les pratiques trompeuses et les conséquences de leurs actes, afin de leur permettre d’autoévaluer leur stratégie de communication.
  • Enfin, la norme ISO 14 021 consistant à spécifier les exigences en matière d’auto déclarations environnementales : mentions, graphiques, symboles en rapport avec les produits sont également concernés.

En France, les pratiques commerciales trompeuses font l’objet de sanctions : une peine d’emprisonnement de 2 ans et une amende fixée à 300 000 euros (article 132-2 du Code de la consommation). Toutefois, ce montant peut être supérieur à celui mentionné selon les cas. Ainsi, le greenwashing n’est pas sans conséquence d’un point de vue légal. De plus, l’article 12 de la loi n°2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets prévoit : l’interdiction d’affirmer dans une publicité qu’un produit ou service est neutre en carbone…s’il ne met pas à disposition du grand public des informations bien spécifiques prévues par la loi comme son bilan d’émission de gaz à effet de serre (émissions directes et indirectes du produit ou service y compris). Sous peine d’une amende de 20 000 euros pour une personne physique et de 100 000 euros pour une personne morale. Ces montants pouvant être plus élevés selon les cas.

Au niveau européen, des mesures sont également prises.

C’est le cas de la directive européenne Green claims visant à lutter contre le greenwashing et l’utilisation des allégations environnementales en renforçant le contrôle des informations fournies au grand public. Mais également d’encadrer les stratégies de communication axées sur l’écologie. L’objectif, si la directive est adoptée par le Conseil de l’Europe et le Parlement Européen est de mettre les entreprises dans l’obligation de fonder par des preuves concrètes leurs revendications scientifiques : bases scientifiques…

Consommateur : comment éviter le greenwashing grâce à ces 3 conseils ?

Pour ne plus être victime de greenwashing, il faut avant tout comprendre ce phénomène. En effet, l’écoblanchiment touche plusieurs secteurs : l’automobile, l’habillement, l’alimentation, les cosmétiques, l’énergie… Voici quelques informations à considérer.

Greenwashing : la chasse aux preuves concrètes

Il est important de faire attention aux discours enjolivés comme produit naturel, entreprise engagée dans… ainsi qu’aux informations environnementales partagées. Notamment si celles-ci sont trop vagues, manquent de bases scientifiques, etc. Il faut aussi prêter attention aux étiquettes, au packaging, et l’usage à outrance de la couleur verte pour rappeler la nature, l’environnement, l’écologie. Ce n’est pas la couleur du packaging qui permet de le catégoriser comme produit respectueux de l’environnement.

Faire attention aux labels utilisés : la fiabilité avant tout

Certaines entreprises à fond dans le greenwashing n’hésitent pas à utiliser leur propre label pour mieux faire passer la pilule. Alors même que dans les faits, le label d’une entreprise quelconque n’a pas de valeur juridique si un organisme indépendant ne l’a pas vérifié et labellisé en ce sens.

S’intéresser aux actions mises en place par les marques/entreprises

Les mots ne suivent pas les actes : les entreprises pratiquant le greenwashing ont tendance à faire de grandes promesses écologiques, alors même qu’en pratique, celles-ci sont en inadéquation avec leurs actions. Il peut s’agir des entreprises du secteur de la fast-fashion, fast-food, et autres. Pour les personnes souhaitant aller encore plus loin, s’intéresser aux producteurs locaux s’agissant de l’alimentation notamment, les circuits courts plutôt que les grands groupes souhaitant redorer leur image en faveur de l’environnement.

Pour ce qui touche aux cosmétiques, mettre l’accent sur les marques zéro déchet. Moins il y a d’ingrédients dans les produits, mieux c’est pour la peau et l’environnement. De plus, le consommateur peut être rassuré sur le travail mené pour l’élaboration de produits de qualité et pourquoi pas la provenance des matières premières.

Quand les citoyens ordinaires autrement dit consommateurs ont connaissance des techniques trompeuses à leur égard, ils sont capables de participer à la prise de conscience collective en mettant en lumière ces pratiques ou comportements socialement irresponsables. En somme, être plus méfiant face aux publicités, messages véhiculés, effectuer des recherches, s’intéresser à des labels fiables, sont autant de gestes à adopter au quotidien pour faire face au greenwashing.

Auteur de l'article: Fabrice Allegoet

Fabrice ALLEGOET est un formateur confirmé et certifié en droit social qui s'est spécialisé dans différentes matières (santé et sécurité au travail, RSE et développement durable, management et communication en entreprise). Il est l'animateur des Podcasts "Le CSE En Clair" et "Le Droit de Savoir by CÉOS".